Photo aérien d'une foret

Les forêts comme énergie renouvelable, une fausse bonne idée ?

Mamhead Forest, Exeter

Quelle magnifique création que l’arbre ! On peut le couper et le brûler pour passer un bon moment au coin du feu. On a juste à planter un nouvel arbre et l’on obtient des bûches à volonté. Pourquoi alors ne pas remplacer le charbon dans les centrales électriques par ce combustible renouvelable ? Au Royaume-Uni, dans la ville de Birmingham, la centrale de Tyseley a ainsi été créée pour fournir de l’énergie à partir des forêts avoisinantes. Cependant, l’usage de cette source d’énergie est controversé : réchauffement climatique, biodiversité, patrimoine, peut-on créer une forêt durable et source d’énergie ?

Photo: Combien d’interventions une forêt peut-elle supporter ? Credit: Red Zeppelin/Unsplash

Mirjam Röder et les scientifiques de l’EBRI (Energy and Bioproducts Research Institute) à Birmingham étudient comment la matière végétale peut être utilisée comme source d’énergie. On parle alors de biomasse servant à produire de la bioénergie. Mais bio ne veut pas dire sans problème, les difficultés liées à l’utilisation du bois sont nombreuses.

En effet, le bois est lié à l’atmosphère et peut l’affecter. Il absorbe du dioxyde de carbone et rejette du dioxygène. Extrêmement pratique quand on sait que l’on a besoin d’oxygène pour respirer et que le CO2 est un gaz à effet de serre. Ainsi, 662 Gigatonnes de carbone sont stockées dans les arbres soit 45% du carbone stocké sur la terre ferme. Cependant si l’arbre pourris ou brûle, ce carbone est relâché. C’est pourquoi les feux de forêts ont un impact important sur le réchauffement climatique.
Les chercheurs de l’EBRI cherchent donc à créer des forêts durables offrant de multiples ressources tout en se régénérant pour l’éternité et rentabiliser un maximum les différentes formes du bois (entier, débris, …) pour produire le plus d’énergie et le moins de gaz à effet de serre.

Illustration statistique: Combien de biomasse utilise l'Europe?
Utilisation de biomasse dans plusieurs pays européens en 2016. Source: Eurostat. Credit: Paul Klammer

A Birmingham, le “Tyseley Energy Park” permet la production de bioénergie grâce à 3 méthodes de valorisation de la biomasse, la méthode thermique, chimique et biochimique. Pleins de types de bois peuvent être utilisés, les débris tombés des arbres de la ville, les forêts avoisinantes et les restes de l’industrie. Toute cette biomasse permet de produire de l’électricité via la combustion du bois ou de biogaz issu de bois fermenté et aussi d’alimenter nos véhicules avec des biocarburants.

La compagnie Tyseley affirme avoir utilisé plus de 72 000 tonnes de déchets depuis 2016 pour alimenter 17 000 maisons. La biomasse a du potentiel, au niveau mondial, 9.2% de l’énergie consommée provient du bois et cela va augmenter. Selon un rapport de la Commission européenne, la bioénergie pourrait couvrir jusqu’à 13 % de la demande énergétique de l’Union Européenne.

Une forêt durable, conditionné par l’homme

Cependant, les déchets de bois ne sont pas suffisants pour alimenter des centrales de grandes tailles telles que Ironbridge au Royaume-Unis qui produisait plus de 1,000MW, ce qui est aussi efficace que 2 821 terrains de foot remplis de panneau solaire. C’est pourquoi les chercheurs étudient comment avoir une forêt durable et gérée. Ils se sont rendu compte qu’une forêt laissée à l’abandon n’absorbe pas autant qu’une où les arbres malades ou n’ayant pas assez de soleil étaient coupés. Si en plus, une partie des débris est enlevée, moins de CO2 est relâché par le bois mort et il y a aussi moins de feu de forêt. On obtient alors une forêt se régénérant et absorbant beaucoup plus de CO2. Si on respecte l’équilibre entre la quantité de gaz absorbé par la forêt et la quantité de gaz par la centrale, hop, on obtient une énergie renouvelable.


Les membres de l’EBRI ainsi que d’autres chercheurs en bioénergie et en écologie forestière cherchent à équilibrer l’émission de CO2 des centrales avec l’absorption de la forêt. Ils espèrent pouvoir développer les techniques de production de bioénergie. Grâce à leurs études, des entreprises peuvent rentabiliser la production d’énergie en récupérant de la biomasse (arbres et débris), la transformer tout en équilibrant les émission en plantant derrière eux de nouvelles pousses. Mais cela implique qu’il faut respecter la faune, la flore, la biodiversité, l’environnement (sols, rivières) et les locaux vivants aux alentours.
En fait, il y a deux problèmes liés à l’utilisation de la biomasse.

« L’équilibre » de la forêt est difficile à atteindre. Quelques exemples récents montrent que l’on est loin de mesurer toutes les implications des changements opérés par les hommes dans les forêts. En Écosse, un trop grand nombre de bouleaux ont été plantés déstabilisant la flore microbienne du sol qui a alors émis plus de gaz à effet de serre. Trop planter d’arbres à provoqués une augmentation de la température dans les régions nordiques. En effet le bois étant sombre il réfléchit moins la lumière que la neige. On observe dans les forêts où les souches sont enlevées une abondance moins élevée en coléoptères et donc de la biodiversité.

Un deuxième problème lié à l’utilisation de la biomasse est économique. La « création » de la biomasse, sa combustion et sa méthanisation ont un coût qui a tendance à augmenter. Le coût du transport est également non négligeable. En effet, si la forêt ne fournit pas assez de bois sans avoir à la déforester, il est nécessaire d’acheminer du bois d’autres pays, obligeant l’utilisation de transport. Il est donc difficile de savoir si l’utilisation du bois va être rentable et qu’est ce qui va être sacrifié pour y parvenir. Quand on sait que le Royaume-Unis doivent importer du bois pour satisfaire la demande, cela pose des questions.

Le débat est encore d’actualité et chaque partie a des arguments. Un vrai casse-tête dont la finalité dépendra des chercheurs. Réussiront-ils à trouver comment obtenir une forêt durable respectant l’équilibre naturel ? La bioénergie doit encore faire ses preuves…

Royaume-Uni: En savoir plus

Icon Royaume-Uni
Bläuliche Eisstruktur. Credits: Unsplash/Jan Kopřiva.
Article
La Résurrection au Micro-Ondes
Article-Symbol
Article
La Résurrection au Micro-Ondes
Traduction de Maxime Neslin, étudiant en licence LEA Anglais-Allemand à l’Université de Picardie Jules Verne (2024) Des recherches macabres, mais très sérieuses : dans les années 1950, des chercheurs britanniques auraient ramené à la vie des morts congelés peu communs en utilisant un four à micro-ondes qu’ils avaient inventé inopinément dans le cadre de leur […]
Article précédent
Article suivant